Madame Wenham
Le maître de l’horreur québécois, Patrick Sénécal, récidive avec un deuxième roman jeunesse, intitulé Madame Wenham, sorti le 26 août dernier et en poltronne que je suis, j’ai préféré partager ma lecture avec un public cible de 6ième année (10 et 11 ans) plutôt que de me laisser défaillir seule dans mon salon!
Comme aucun de mes auditeurs n’avaient lu le premier roman Sept comme Setteur, paru en septembre 2007, j’ ai préalablement fait le résumé succinct des premières aventures de Rom et Nat, les deux jeunes héros qui avaient réussi à déjouer les plans du Bonhomme Sept-Heures et de ses acolytes le Lapin de Pâques et la Fée des dents. En fait, je leur en ai raconté juste assez pour qu’ils aient l’eau à la bouche…
C’est ainsi que nous rentrâmes mes amis et moi dans l’univers horrifique sénécalais pour n’en ressortir que 3 heures plus tard ( en deux fois tout de même!), somme toute engourdis par cette longue écoute plus qu’attentive, mais aussi plus qu’enchantés par notre expérience mutuelle.
Il faut dire que les personnages de Patrick Sénécal sont tellement bien construits que ce fut un réel bonheur de les interpréter devant mon jeune public, surtout celui de Madame Wenham à qui j’ai prêté une voix caverneuse teintée d’un petit restant d’accent allemand qui en a amusé (ou effrayé!) plus d’un. Cette enseignante remplaçante est totalement savoureuse dans son rôle de dictatrice de la perfection. Aucune erreur n’est acceptable dans le monde abject de cet infâme personnage et bien sûr tout l’innommable peut survenir…
Mais il n’y a pas que de l’horreur dans ce roman, en trame de fond on visite plusieurs thèmes comme le lien fraternel, la modestie, l’entraide, le droit à l’erreur, la compassion, le courage. Et quand je dis horreur, je ne compare en rien les romans pour adultes de l’auteur à ceux qu’il aura écrits pour ses deux enfants Romy et Nathan! Il n’y a rien dans ces deux romans qui pourrait empêcher un enfant de dormir le soir, mais il y en a suffisamment pour les intriguer et les faire sursauter de temps à autres! « Quand on l’entend, ça fait pas trop peur, mais c’est sûr que dans la vraie vie, si ça arrivait, on capoterait!» commente une de mes auditrices.
La collection Gazoline des Éditions de la Bagnole, dans laquelle ce roman s’inscrit, offre des lectures très variées (épouvante, conte, policier, historique) et trois niveaux de lecture sont proposés: initiation au roman, lecteur expérimenté et lecteur audacieux. Madame Wenham est classé dans initiation au roman. Et l’ex-professeur que je suis a particulièrement apprécié les annotations de bas de pages pour les mots plus complexes ainsi que les dossiers Gazoline qui accompagnent toujours les romans, faisant de ces derniers des outils pédagogiques pertinents et plus qu’intéressants. L’enseignante de mon groupe abonde dans mon sens et est même repartie avec le premier tome sous le bras pour préparer sa présentation du récit d’épouvante!
À la fin de ma lecture, j’ai remis un questionnaire à mes auditeurs pour connaître leur appréciation générale. Juste un élève sur 25 a plus ou moins aimé le roman. Presque à l’unanimité, ils ont déclaré avoir aimé cette histoire passionnément! Toutefois, à l’unanimité également ils ont avoué de pas avoir eu suffisamment peur!! Quant à moi, je ne dis pas non à afficher des airs encore plus machiavéliques…
Julia Cordier
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